Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le spectre visible du Soleil était bien exploré. On commençait à connaître aussi assez bien les domaines centimétrique et décimétrique. Mais du côté de l'UV, on était limité vers 300 nm; et dans l'infrarouge, on n'allait pas très loin non plus.
L'ère spatiale commençante permettait d'aborder (ce fut une importante partie du ``programme de Versailles'') ces deux domaines à peine connus, avec une précision suffisante; pour l'infrarouge, il fallait surtout un beau ciel, et des détecteurs sensibles de la nouvelle génération, celle dont a pu disposer Pierre Léna, à Sacramento Peak, puis à Meudon et ailleurs.
Or, aux alentours de 4000-7000 K (photosphère), le maximum de la brillance du corps noir se situe dans le visible; comme de plus, l'opacité du gaz solaire est minimum dans le visible, on peut trouver en UV et en IR deux bandes d'opacité comparable; les données IR mesurent une température moyenne. En revanche les données UV doivent fournir une valeur plus proche des valeurs les plus élevées de la température des couches solaires responsables; la combinaison des deux groupes de données doit permettre l'étude du associé à la granulation solaire.
On aboutit ainsi, grâce à l'étendue du spectre, à un modèle solaire de l'atmosphère, le ``modèle de Bilderberg'', qui marque un stade important dans l'édification d'une description précise de l'atmosphère du Soleil. Pierre Léna a contribué de façon majeure à cette étape essentielle.