Les Exilés de la Terre au fil du texte...
* : participe aux épisodes lunaires.
– Élysée Reclus (1885) Nouvelle Géographie Universelle, livre X, L'Afrique septentrionale – bassin du Nil, Hachette, Paris.
C'est un pendant rigoureux à l'intervention de Michel Ardan au meeting du Baltimore Gun Club dans De la Terre à la Lune (Chap. 19–20).
Ci-dessus de gauche à droite :
— Karl Kreil (1798–1862), météorologue et
astronome autrichien (observatoires de Vienne et de Prague).
— Edward Sabine (1788–1883), astronome britanique.
— Alexander Dallas Bache (1806–1867), physicien et "surveyor"
américain, arrière petit-fils de Benjamin Franklin (cf. son
observation de l'éclipse de Soleil de 1860 dans nos notes sur Le Pays des fourrures).
Ces scientifiques ont tous entrepris des mesures détaillées du champs magnétique terrestre et de son évolution temporelle. Ils ont mis en évidence une variation, faible mais significative, corrélée avec les phases de la Lune. On sait maintenant que la Lune n'est pas magnétique et qu'elle n'influe donc pas directement sur le champ magnétique terrestre. Ces variations sont en fait dues à des marées agissant sur l'ionosphère.
Laurie reprend ici encore un passage de L'Unité des forces physiques :
La pyrrhotine, ou pyrrhotite, ou pyrite magnétique, a pour formule Fe(1-x)S, avec 0 < x < 0,2. Le magnétisme augmente avec x. FeS est la troilite, non magnétique. Se trouve dans les sites volcaniques, mais pas de gisement signalé en Afrique ?
— Cf. le projet de Thomas A. Edison (1847–1931) vers 1890 : Entourer une mine de fer (magnétite) du New-Jersey de plusieurs spires de fils électriques pour constituer un "cadre" géant servant d'antenne à un récepteur radio (comme les cadres qui équipaient les anciens postes de TSF), ce qui aurait constitué le premier radio télescope, destiné à étudier l'émission radio du Soleil. Ce projet n'a pas été finalisé (on sait maintenant qu'il aurait été voué à l'échec, car il aurait fonctionné à une fréquence trop basse qui ne passe pas à travers l'atmosphère terrestre). D'après une lettre d'Arthur E. Kennelly (1861–1939, du laboratoire d'Edison) à E.S. Holden (Lick Observatory) du 2 novembre 1890 (1958, Publ. Astron. Soc. Pacific, 70, 303). Voir également WT. Sullivan III (2009, Cosmic Noise, Cambridge University Press, pp. 19–20). (Voir notre étude parue dans Verniana.)
Edison avait-il eu connaissance de l'édition anglaise du roman de Laurie juste parue (The Conquest of the Moon, a story of the Bayouda, 1889, S. Low, Marston, Searle & Rivington, London) ?
L'observatoire du Pic du Midi s'est développé à partir des années 1870. À ses débuts, c'était surtout un observatoire météorologique. La première pierre du bâtiment a été posée en juillet 1878. La première coupole "en dur" date seulement de 1908. (E. Davoust, L'Observatoire du Pic du Midi, CNRS éditions, 2000.)
Mauny a observé une « éclipse de Soleil en août dernier ».
Mais il n'y eut pas d'éclipse de Soleil – ni partielle ni totale – en août 1884 (ni en août 1883). Pas d'éclipse non plus visible en Afrique en 1883–1884. Cependant, la zône de totalité de l'éclipse du 18 juillet 1860 (voir Le Pays des fourrures) a dû traverser le Soudan. Une éclipse totale historique a été observée à Khartoum le 25 février 1952.
L'observation des éclipses de Soleil est l'une des méthodes qui permettent de déterminer ou non l'existence d'une atmosphère lunaire :
– Aimé Laussedat (1819–1907), militaire, astronome et
géodésien français.
– Johann Hieronymus Schröter (1745–1816), astronome
allemand.
Ci-dessus, les insolateurs utilisés comme source d'énergie
par les Exilés de la Terre pour alimenter leur
éles
ctro-aimant (illustration de George Roux) et la maquette au 1/3 (ca 1880) du four solaire d'Augustin
Mouchot (1825-1912) et Abel Pifre (1852-1928) au musée du CNAM (photo J.C.).
Utilisation systématique de l'énergie solaire :
La constante solaire, quantité d'énergie reçue par mètre carré hors atmosphère, est maintenant bien connue :
C = 1368 W m-2, soit 327 cal s-1 m-2 ou 19 kcal min-1 m-2.
La valeur donnée par Laurie est donc bien exagérée.
Conformément à un usage qui perdure de nos jours, les découvreurs d'astéroïdes ont le privilège de nommer leurs objets. Norbert Mauny a découvert deux petites planètes. L'une est dénommée Priscilla. Et l'autre...
– L'astéroïde (710) Gertrud : Nommé en 1912 par son découvreur l'astronome autrichien Johann Palisa (1848–1925) en l'honneur de sa petite-fille Gertrud Rheden.
– L'astéroïde (2137) Priscilla : Découvert par l'astronome allemand Karl Reinmuth (1892–1979) en 1936, nommé en l'honneur de Priscilla Bok (1896–1975), épouse de l'astronome Bart J. Bok (1906–1983).
Correct.
Pas de sas ! Comme pour l'expulsion du cadavre du chien dans Autour de la Lune, il s'agit de faire vite : « c'est à peine si quelques molécules s'échappèrent » (Autour de la Lune, Chap. 5) !
Nommé d'après Georg Rheticus (514–575), astronome autrichien, l'un des premiers adeptes du système de Copernic. Ce cratère est près du centre de la face visible (0.0°N, 4.9° E, diamètre de 46 km).
« Comment nous ferons pour respirer, quand nous n'aurons plus d'air ? répliqua Norbert en riant. Nous en fabriquerons, c'est bien simple !... N'avons nous pas nos produits chimiques, nos appareils Carré, tout l'outillage nécessaire ?... »
« .../...des boîtes Carré ou "respirateurs à oxygène.../... »
« .../...l'apparence d'une hotte de fer-blanc surmontée d'un gros sac de cuir. Ce sac se terminait sous le bras gauche par un appendice qu'il suffisait de presser avec le coude pour par un appendice qu'il suffisait de presser avec le coude pour déterminer le passage d'une certaine quantité d'oxygène dans un tube de caoutchouc. Ledit tube, enfin, aboutissait à la bouche et au nez du porteur, sur lesquels il s'appliquait hermétiquement à l'aide d'un demi-masque de cuivre garni de coussinets de chamois. » (p. 230)
« .../...renouveler le gaz des appareils, à l'aide d'une petite lampe à alcool, alimentée par un reste d'oxygène, et d'un ballon de verre contenant le chlorate de potasse. » (p. 302)
Il s'agirait d'un appareil respiratoire portatif destiné à régénérer l'oxygène de l'air à partir du chlorate de potasse.
Le chlorate de potassium chauffé, en présence de dioxyde de manganèse comme catalyseur, produit de l'oxygène :
[Ce n'est pas cet appareil à frapper les carafes qui est utilisé dans La Maison à vapeur, mais le congélateur à ammoniaque, bien plus performant, qui équipe une glacière. JV cite également Charles Tellier (1828–1913), ingénieur, qui a étudié la conservation par le froid.]
– Ferdinand Carré (1824–1900), ingénieur. Il a également inventé une machine électrostatique.
C'est l’appareil Reiset et Regnault qui est utilisé dans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune. Une description détaillée en est donnée (De la Terre à la Lune, Chap. 23). Il s'agissait à l'origine d'un dispositif non portatif, expérimenté sur les animaux, destiné à étudier la respiration. En plus de la production d'oxygène à partir de chlorate de potassium, le dioxyde de carbone était éliminé par une solution de potasse (ce qui est indispensable en atmosphère confinée). Voir description et figure dans le Dictionnaire de Chimie de E. Bouant (1888, p. 840, Fig. 418) et la publication originale de V. Regnault et J. Reiset (Recherches chimiques sur la respiration des animaux des diverses classes, Bachelier, Paris, 1849).
– Henri Victor Regnault (1810–1878), chimiste, physicien,
académicien.
– Jules Reiset (1818-1896), chimiste et agronome.
C'est l'appareil de Galibert qui est utilisé dans Les cinq cents millions de la Begum.
— A. Galibert.
Badoureau et Grangier, dans Les Mines, les minières et les carrières (1892, p. 245), décrivent l'appareil de Regnard, portatif, mais qui utilisait de l'oxygène déjà préparé... également cité dans le Cours d'exploitation des mines (tome 6, pp. 1044-1045) de Haton de la Goupillière, avec une exposition historique et systématique des d'autres appareils du même genre.
– Dr Paul Regnard (1850–1927).
De même, le scaphandre Rouquayrol-Denayrouze, qui est utilisé dans Vingt mille Lieues sous les mers (1869), est autonome, mais utilise de l'air comprimé.
Dans les Aventures extraordinaires d'un savant russe de George Le Faure & Henry de Graffigny (1889–1896) et dans Un Monde inconnu - Deux ans sur la Lune de Pierre de Sélènes (1896), c'est de l'oxygène liquéfié qu'emporteront les explorateurs-astronautes. (Procédé de MM. Cailletet et Raoul Pictet.)
– Louis-Paul Cailletet (1832–1913) liquéfie en 1877 N2O, puis l'oxygène, l'hydrogène et l'air. Raoul Pictet (1846–1929) liquéfie l'oxygène la même année. Voir La Nature 1878(1) pp. 107–111.
Trois cents lieues à partir du cratère de Rhéticus. En fait, le limbe de la Lune est à 2580 km du cratère, soit 644 lieues de 4 km. Laurie a peut-être confondu le rayon et le diamètre ; il ne serait pas le premier à faire cette erreur !
Le passage à l'autre hémisphère coïncide dans le roman avec le passage jour/nuit. Cela ne peut se produire qu'au moment de la pleine lune. Pouquoi cette coïncidence ? Pourquoi ne pas le signaler au lecteur ?
Des nuits de 14 jours ! Pas de pollution terrestre sur la face cachée (situation idéale pour la radioastronomie) ! Idée toujours actuelle ! Mais qui y a pensé le premier ?
Mais on lit « six jours, huit heures, vingt et une minutes et quarante-six secondes » ( à l'aller, p. 210, soit 152 h 21 min) et « cent cinquante-cinq heures et huit minutes » (au retour, p. 354) pour Les Exilés de la Terre.
Sont magnétiques : la Terre, les planètes géantes (Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune).
Sont faiblement magnétiques : Mercure, Vénus.
Ne sont pas magnétiques : Mars, la Lune.
Le magnétisme est lié à la présence d'un cœur métallique liquide où des mouvements de convection peuvent produire un effet dynamo. Ce qui n'est possible que pour des corps assez massifs.
La Lune n'est donc pas magnétique, mais on ne le savait pas en 1888.
Jules Verne s'est sans doute souvenu des Exilés de la Tere dans son roman Le Sphinx des glaces (1897). Il y imagine, près du pôle magnétique sud, un massif métallique magnétisé qui rappelle furieusement le pic de Tehbali. (Voir notre étude parue dans Verniana.)
© 2019 Jacques Crovisier
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