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Les Comètes qui rasent le Soleil
Les comètes qui rasent le Soleil sont des objets un peu à
part. Elles sont appélées « sungrazers » ou «
sungrazing comets » en anglais. Nous les appellerons ici « comètes
héliorasantes ».
Plusieurs fois, à l'occasion d'une éclipse de Soleil, il a
été possible de découvrir une comète se
trouvant très près du Soleil, qui sans l'éclipse
serait passée inaperçue. Ce fut notablement le cas en 1882
(comète Tewfik — cette comète n'a pas de nom
officiel car son orbite n'a pu être déterminée) et en
1948 (comète C/1948 V1). Ces comètes, découvertes
simultanément par plusieurs spectateurs, sont souvent nommées
comète de l'éclipse. Mais les observations qui ne
durent que quelques minutes ne permettent pas toujours d'établir
l'orbite de ces comètes. Et des erreurs sont possibles. Ainsi, une
analyse moderne de l'observation de la présumée
comète de l'éclipse de 1893 a pu établir qu'il
s'agissait en fait d'une éjection de masse coronale, un
phénomène purement solaire.
Pour faire mieux, il faut disposer d'un instrument reproduisant
artificiellement une éclipse, et ainsi capable d'observer en continu
le voisinage solaire sans être ébloui : un coronographe. Les
meilleurs sont ceux embarqués sur des satellites, car ils
s'affranchissent de la diffusion de la lumière solaire par
l'atmosphère.
Déjà, le coronographe de SOLWIND avait découvert 6
comètes héliorasantes en 1979—1984. Celui de SMM
(Solar Maximum Mission) en a découvert 10 en
1980—1989.
Les coronographes LASCO de l'observatoire orbital SOHO (ESA-NASA) ont
découvert plus de 1200 «sungrazers» à ce jour
(début 2007), repèrés pour la plupart par des
astronomes amateurs. D. Biesecker et l'équipe SOHO/LASCO leur ont
consacré un site.
Ces comètes sont pour la plupart fort différentes des
comètes "classiques". Ce sont de très petits objets, de
quelques mètres seulement, rendus lumineux suite à la
volatilisation de leurs roches lors de leur passage très près
du Soleil. Ils n'y survivent généralement pas.
Une grande partie de ces comètes sont organisées en familles
qui suivent des orbites similaires. Chaque famille doit provenir de la
fragmentation d'une comète-mère dans le passé. Les
comètes de la famille de Kreutz passent à environ 0,006 UA du
centre du Soleil (à seulement 0,3 rayon solaire de la surface !) ;
la grande comète C/1965 S1 (Ikeya-Seki) appartenait à cette
famille. Les comètes des familles de Meyer, Marsden ou Kracht
passent un peu plus loin (0,03 à 0,05 UA).
Les clips SOHO sont des montages d'images successives prises par l'un des
coronographes LASCO de SOHO. Les prises de vues s'étalent sur
plusieurs jours, mais nous sont montrées en quelques secondes
seulement. En voici quelques uns des plus beaux montrant des passages de
comètes (un logiciel tel que QuickTime est nécessaire pour
les visualiser) :
Deux
comètes plongeant vers le Soleil.
La comète
C/1996 Y1 (SOHO) ("comète de Noël") passant à
seulement 0,0055 UA du Soleil le 24 décembre 1996.
La comète
C/1996 B2 (Hyakutake).
La comète
96P/Machholz 1.
La comète
C/2002 V1 (NEAT).
La comète
C/2002 X5 (Kudo-Fujikawa).
La comète
C/2006 P1 (McNaught), qui est devenue plus brillante que Vénus
le 13 Janvier 2007. On voit aussi Mercure se déplacer dans le champ
de SOHO. Une autre séquence
montre la comète vue par le coronographe SECCHI du satellite STEREO
nouvellement lancé
Dans chaque cas, on voit la queue de la comète se développant
tel un panache soufflé par le Soleil. Un cercle blanc figure le
disque solaire, et un disque opaque, plus grand, représente la
région occultée par le coronographe.
À vrai dire, parmi ces clips, seuls les deux premiers concernent des
comètes véritablement héliorasantes. Les autres
comètes sont passées à des distances s'étageant
de 0,10 à 0,23 UA du Soleil. Mais elles ont eu la chance
d'apparaître dans les champs des coronographes, ce qui a permis de
les filmer.
Dans cet article,
Xavier Leprette raconte son expérience de chasseur de comètes
SOHO.
À la fn de l'année 2013, il y a eu l'aventure – fort
médiatisée – de la comète ISON...
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