L'année 1938 marque la reprise des travaux du téléphérique
de l'Aiguille du Midi au dessus de la station des Glaciers,
à 2400 m, sous l'impulsion de M. de Peufeuilhoux. Ce n'est plus l'
Aiguille elle même qui sera l'aboutissement du funiculaire aérien,
mais un "gendarme" situé près du Col du Midi à 3600 m d'
altitude.
Ce point sera atteint en deux tronçons de même longueur
(environ 1100 m). Le premier tronçon, Glacier-Arête, est
construit en 1938. Pour cela, des rouleaux de câbles de
4 mm et des poulies sont portées par les guides Clérico et
Farini, en charges de 30 kg, jusqu'à l'arête de granite qui
a donné son nom à ce point intermédiaire (altitude 3100 m).
Le problème du Col du Midi était plus difficile à résoudre, car il
était indispensable de monter des pièces de 80 kg à l'
altitude de 3600 m. M. de Peufeuilhoux, ancien pilote de
chasse, choisit la solution audacieuse, qui devait réussir,
de confier à M. Guiron, du Fayet, la mission de parachuter
au Col du Midi, avec son petit avion équipé d'un moteur de
300 ch, le matériel destiné à l'ancrage du premier câble
de service. Au cours de l'été 1939, 25 colis furent ainsi
lancés sur la neige fraîche et retrouvés grâce à un long
ruban rouge indicateur. Clérico, Farini, Wenger devaient,
non sans péril, descendre jusqu'à l'Arête la cordine de
4 mm par une série de rappels de 50 m.
En Automne, la guerre est déclarée et il faut interrompre
les travaux. Ceux ci sont repris le 15 Août 1940, et le
8 Septembre, la première ligne assurant le transport du
personnel est inaugurée par M. Toubin, ingénieur en chef des
Ponts et Chaussées à Annecy.
Au cours de l'hiver 1940-41, la ligne est coupée et une
équipe de guides doit fouiller la neige pour récupérer le
câble et rétablir la ligne de service.
C'est alors que commence la construction du laboratoire des
rayons cosmiques, début Septembre 1942. Malheureusement,
trois semaines après, un grave accident, au cours duquel
M. de Peufeuilhoux, alors ditecteur de la Compagnie Française
des Funiculaires de Montagne (CFFM) trouve la mort, provoque
l'interruption du chantier. Les câbles entre les Glaciers et
le Col du Midi sont coupés. Ce transporteur aérien, établi par
M. de Peufeuilhoux , était constitué par un simple câble de
12 mm de diamètre porteur-tracteur, de deux portées égales de
1100 m de longueur. L'appui intermédiaire entre les Glaciers
et le Col était une simple poulie dont le support était
directement scellé dans le rocher de l'Arête (3100 m). Deux bennes,
l'une entre les Glaciers et l'Arête, et l'autre entre l'Arête
et le Col, montaient et descendaient en même temps. Pour
augmenter la charge utile du transporteur, le câble avait été
purement et simplement doublé par un deuxième câble semblable,
placé à 15 cm du premier. Mais des solutions aussi audacieuses
ne devaient avoir qu'un temps.
Au printemps 1943, la ligne fut rétablie plus simplement. Un
seul câble porteur-tracteur de 12 mm soutenait deux bennes
équilibrées, l'une montante, l'autre descendante. De cette
manière, la charge utile était de l'ordre de 300 kg au
maximum. Durant l'été 1943, s'achevait l'érection du pylône
intermédiaire de l'Arête à 3100 m, destiné au téléphérique
de service définitif tel qu'on peut le voir actuellement.
L'acheminement des bois et des charpentes jusqu'à l'emplacement
du futur laboratoire des Cosmiques fut réalisé grâce à un
petit transporteur aérien de 300 m de portée à peu près
horizontale, au dessus du glacier, entre le
gendarme d'arrivée du téléphérique et le laboratoire; cet
aérien était servi par un simple treuil à main.
En 1945, la CFFM installait sur le téléphérique, constitué
jusqu'ici d'un simple porteur-tracteur de 12 mm, un câble
porteur de 25 mm, permettant le transport de charges d'une
tonne. Ceci facilita grandement le transport de charges
lourdes vers la laboratoire (transformateur 15000 V, puis
ultérieurement groupe éléctrogène diesel éléctrique).