Mesure de poussières avec un
instrument radio
Une antenne électrique reliée à
un récepteur radio permet de mesurer in situ le plasma (par la méthode
de spectroscopie du bruit thermique), et les grains de poussière en milieu spatial.
Le principe est similaire aux
détecteurs de poussière classiques par ionisation d’impact, avec une section
efficace de détection très supérieure, puisque la sonde spatiale entière sert
de cible (Fig. 1).
Figure 1 Mesure in situ du plasma et des poussières avec
un instrument radio. Le plasma est mesuré via les fluctuations quasi-thermiques de potentiel induites sur l'antenne
par le passage des particules chargées. Les poussières sont mesurées via les impulsions
de potentiel crées par les nuages de plasma dus aux impacts sur la sonde. Crédit IOP, Meyer-Vernet et al. 2015 ).
La méthode a été initiée lors du
passage des sondes Voyager dans les anneaux de Saturne, lorsque les instruments
radio et plasma ont détecté les impulsions électriques et le spectre de
puissance produits par les impacts de poussières. Un
impact à grande vitesse évapore et ionise la poussière ainsi qu'une partie du
matériau du cratère creusé par l'impact, créant un nuage de plasma dont
la charge électrique est proportionnelle à la masse de la poussière et augmente
avec sa vitesse beaucoup plus vite que l’énergie cinétique. Cela produit une
impulsion de potentiel pouvant atteindre plusieurs dizaines de millivolts, donc
facilement détectable.
La méthode a permis la mesure des anneaux
poussiéreux de Saturne, Uranus et Neptune à bord des sondes Voyager, de
poussières cométaires à bord des sondes VEGA (comète de Halley) et
ISEE3-ICE (comète Giacobini-Zinner). Elle a été utilisée plus récemment
dans l'anneau E de Saturne avec l'expérience RPWS sur Cassini et pour
mesurer les micro poussières dans le milieu interplanétaire avec
l'instrument WAVES sur la sonde Wind
Fig. 2 : Exemple d'impulsions électriques mesurées par
l'instrument S/WAVES-TDS à bord de la sonde Stereo A
impactée par des nano particules. Crédit : Springer, 2012).
Cette technique a permis la
découverte de nanoparticules accélérées
par le vent solaire à environ 300 km/s et impactant les sondes STEREO en orbite à 1 UA (150
millions de km) du Soleil.
Fig. 3 : Flux de nanoparticules
détecté par STEREO/WAVES dans le vent solaire comparé aux modèles de flux de
poussières et petits corps en fonction de leur masse à 1 UA du Soleil. La
figure couvre un domaine allant des nano poussières à des objets de 10 km, soit
35 ordres de grandeur en masse. (Crédit : Solar Physics 2009)
La découverte faite par STEREO (Figure 3) à 1 AU a été confirmée par les
données de l’instrument radio à bord de la sonde Cassini pendant son trajet
vers la planète Saturne (article ici).