Quelques relations entre puissances de nombres
entiers
Le triangle
égyptien et ses avatars :
- Pour tracer au sol les contours à angles droits
des murs
des bâtiments à ériger, les anciens
égyptiens utilisent une corde refermée sur
elle-même et sur laquelle 12 segments équidistants
sont
marqués, par exemple par des nœuds qu’on
numérotera 1, 2, 3, .., 12 . Si on cherche à
former un
triangle en tendant la corde entre les points 1, 4 et 8, en
créant donc des segments de longueur a = 3, b = 4 et c = 5,
on
obtient nécessairement un triangle rectangle. Il satisfait
en
effet bien au théorème de Pythagore : a2
+ b2 = c2 car on a bien
l’égalité diophantienne 32
+ 42 = 9 + 16 = 25 = 52

- D’autres triangles rectangles dont les
côtés
ont des longueurs multiples entiers d’un segment unitaire
existent ; par exemple [5, 12, 13]
Le problème de Prouhet-Tarry-Escott
- Ce problème s’énonce ainsi
: peut-on trouver 2 ensembles {a1,…,an}
et {b1,…,bn}
d’entiers tels que
a1m +…+ anm
= b1m +…+ bnm
pour m = 1,…,k ?
En abrégé, le problème est
noté : {ai}=k=
{bi} et les solutions sont appelées
multigrades
- Le problème possède bien des
solutions et, par exemple, Euler et Goldbach montrent en 1750 que
{a, b, c, a+b+c} =2= {a+b,
b+c, c+a}
La suite de Prouhet-Thué-Morse
- Cette suite se construit très simplement en
considérant 2 symboles complémentaires (par
exemple a et
b, ou + et -, ou 0 et 1). Etant donné le terme Sn,
on construit le terme Sn+1 en
concaténant au terme Sn son
complémentaire (a => b et b => a).
On part du premier terme de la suite: S0 =
a qui donne : S1 = ab, puis S2
= ab ba, et ainsi de suite :
S3 = ab ba ba ab,
S4 = ab ba ba ab ba ab ab ba
…..
- Cette suite possède la
propriété de ne pas
être périodique (on ne trouve pas de motif qui se
répète régulièrement) et
d’avoir un
caractère fractal. Elle est dotée d’un
véritable don d’ubiquité car elle
apparaît
dans de très nombreux problèmes qui
n’ont en
principe aucun points communs entre eux.
La suite de P-T-M et le problème de P-T-E
- Prouhet montre en 1851 que cette suite (elle n’a
alors bien
sûr pas ce nom) permet de construire une solution multigrade
au
problème de Prouhet-Tarry-Escott pour n = 2N
et k = N
- Cette solution consiste à prendre pour
les ai les rangs des “a”
dans le terme d’ordre N de la série de P-T-M et
pour les bi les rangs des “b”
Ainsi le terme d’ordre 3 qui s'écrit
ab ba ba ab ba ab ab ba, donne :
{ai} = {1,4,6,7,10,11,13,16} et {bi}
= {2,3,5,8,9,12,14,15} et on vérifie bien que
{1,4,6,7,10,11,13,16} =3= {2,3,5,8,9,12,14,15}
autrement dit :
1 + 4 + 6 + 7
+ 10 +
11 + 13 + 16 =
2 +
3 + 5 + 8 +
9 + 12
+ 14 + 15
12 + 42 + 62
+ 72 + 102 + 112
+ 132 + 162 = 22
+ 32 + 52 + 82
+ 92 + 122 + 142
+ 152
13 + 43 + 63
+ 73 + 103 + 113
+ 133 + 163 = 23
+ 33 + 53 + 83
+ 93 + 123 + 143
+ 153
- C'est un résultat assez fascinant quand on
réalise
que quelque soit k, on peut toujours trouver deux
ensembles
d'entiers, tous différents, tels que toutes les
sommes de
leurs éléments élevés
à une
puissance entre 0 et k soient égales.
- On aurait pu tout aussi bien faire commencer la suite des entiers
non pas à 1 mais à une valeur quelconque J, car en effet
(J + i)k = Jk + k J(k-1) i + k(k-1)/2 J(k-2) i2 + ... + ik : on fait bien apparaître toutes les sommes ik , ik-1, ik-2 ,
etc. qui vérifient chacune la propriété de
Prouhet. La propriété de Prouhet est donc
invariante par translation.
- Une application originale est la découpe d'un saucisson
de la façon la plus égale possible entre deux
convives...
- Prouhet va plus loin : il montre que la suite de mk
entiers qui se suivent peut être partitionnée en m
sous-ensemble {a1,i}, {a2,i},
…, {am,i} qui vérifient :
{a1,i} =k= {a2,i}
=k= … =k= {am,i}
C’est une suite de P-T-M
généralisée qui
permet de définir les sous-ensembles. Elle se construit en
appliquant la règle suivante : prendre le terme courant,
faire
subir à ses éléments toutes les
permutations
circulaires, les concaténer.
Ainsi si m = 3 :
abc => abc bca cab => abc bca cab bca cab
abc cab abc bca
On obtient alors le multigrade en considérant le terme
d’ordre k de cette suite, en prenant comme ai
les rangs des “a”, comme bi
les rangs des “b”, comme ci
les rangs des “c”, etc.
Soit pour l’exemple précédent :
{1,6,8,12,14,16,20,22,27} =2=
{2,4,9,10,15,17,21,23,25} =2=
{3,5,7,11,13,18,19,24,26}
- Du coup, la découpe
d'un saucisson de la façon la plus
égale possible entre k convives devient également
possible !