Ulysse embarque une douzaine d'expériences et en particulier une expérience nommée URAP (pour Unified Radio and Plasma Wave). Cette expérience est un consortium de plusieurs instruments (et plusieurs équipes) conçus pour étudier le vent solaire et les émissions radio solaires et planétaires. Parmi ces instruments, on s'intéresse ici à l'instrument RAR (Radio Astronomy Receiver) destiné entre autres à mesurer in situ la densité et la température des électrons du vent solaire en routine.
L'instrument est constitué de deux antennes, dont l'une est un
dipôle électrique de m dans le plan de rotation d'Ulysse
(dite antenne S), et l'autre est un monopôle dans l'axe
de rotation (dite antenne Z)1.6.
Ces antennes sont reliées à un récepteur radio basse-fréquence qui
balaye linéairement 64 canaux (de largeur de bande 0.75 kHz) de 1.25 à
48.5 kHz en 128 secondes et à un récepteur haute-fréquence qui balaye
12 canaux (de largeur
3kHz), disposés grosso modo logarithmiquement
de 52 à 940 kHz, en 48 secondes. Cet instrument acquiert donc toutes les
deux minutes environ un spectre de puissance dans une gamme allant de 1 à
1000kHz. On montre un tel spectre sur la figure 1.1.
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Le spectre dynamique montré sur les figures 1.2 ou 1.3 a le format standard des spectres produits en routine à Meudon1.7: il s'agit en fait, pour deux journées de mesure à bord d'Ulysse, de deux spectres dynamiques journaliers en valeurs dites «brutes », i.e. après l'amplification analogique du signal d'antenne de 0 à 5 Volts (voir l'échelle de couleur). Pour chacune des deux journées, le spectre du bas a été obtenu par le récepteur basse-fréquence (64 canaux), tandis que le spectre dynamique du haut est reconstitué sur une échelle logarithmique de 1 à 1000 kHz à partir des canaux disponibles à la fois en hautes et en basses fréquences (64 + 12 canaux). Dans le vent solaire et avec l'instrument radio d'Ulysse, on verra (et on l'a déjà indiqué sur la figure 1.1) que les paramètres les mieux déterminés sont la densité électronique totale et la température des électrons froids1.8.
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Le diagnostic de la densité totale des électrons est de toutes façons
excellent
car, à la fréquence plasma, qui est un zéro de
la fonction diélectrique , le
bruit s'accroît considérablement
(quelle que soit la distribution, voir Éq.1.2),
formant un pic de puissance très marqué sur chaque spectre et, sur les
spectrogrammes, une
ligne continue fort intense par rapport au bruit de fond
que l'on peut suivre très nettement sur les figures 1.2 et
1.3.
Le diagnostic de
température nécessite par contre, via l'ajustement, de connaître la
forme précise du spectre immédiatement en amont et, sur une large
gamme, en aval de la fréquence plasma. Par exemple, sur la figure
1.2, il sera plus difficile de
porter un diagnostic de température précis pendant la
période allant d'environ 8 à 11 heures T.U, car un type III solaire très
intense vient polluer les spectres de bruit quasi-thermique au-dessus de la
fréquence plasma (qui reste cependant très visible car
elle se comporte comme
une fréquence de coupure vis-à-vis de l'émission type III solaire).
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On illustre sur la figure 1.4 le type de résultat que l'on cherche à obtenir par la spectroscopie du bruit thermique: une mesure sur de longue période de la densité et de la température dans le vent solaire, la plus fiable et la plus précise possible. Ce type de travail a permis (et permet toujours) de constituer une base de données nécessaire pour étudier les évolutions et les grandes structures du vent solaire, et pour comprendre in fine son origine et sa thermodynamique (pour plus d'informations, on peut consulter le site http://calys.obspm.fr/plasma/ulysses/ulysses.html).