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Conclusion

Que conclure de ce travail de thèse ? En premier lieu, et d'un point de vue expérimental, que l'analyse des données radio d'Ulysse acquises dans la magnétosphère de Jupiter a suscité, indépendamment des résultats exceptionnels qu'elle a fournis, le développement de méthodes originales de mesure in situ des électrons à partir de mesures ondes. C'est la généralisation à un milieu fortement magnétisé (et en présence par conséquent d'ondes de Bernstein) de ce qu'on savait faire «en routine», notamment dans le vent solaire, par la méthode de spectroscopie du bruit quasi-thermique, c'est-à-dire du signal «minimum» collecté (avec soin) aux bornes d'une antenne immergée dans un plasma. On reviendra sur cet aspect dans la partie «perspectives».

Ensuite, cette extension de l'analyse du bruit quasi-thermique en présence d'ondes de Bernstein, a rendu effectivement possible l'accès à la densité et la température des électrons le long de la trajectoire d'Ulysse, ce qui a permis pour la première fois une mesure de la variation réelle de ces paramètres en fonction de la latitude dans le tore d'Io. Devant l'augmentation des températures d'un facteur 4 sur 15° balayés pratiquement sur une coquille magnétique ( tex2html_wrap_inline3328 ), il a bien fallu admettre que «l'organisation» du plasma le long des lignes de champ était bien différente de ce qu'on avait supposé jusqu'alors, ou, en d'autres termes, que l'équilibre thermique du plasma (espèce par espèce) le long de ces lignes de champ était sérieusement battu en brèche par les observations d'Ulysse.

Pour expliquer cette variation, nous avons été amenés à abandonner le paradigme «sacré» des distributions maxwelliennes, dont la pertinence dans un plasma sans collision tient effectivement plutôt de la foi que de la raison, et nous avons introduit une sorte de «déséquilibre permanent» dans le plasma en proposant de décrire la cinétique du tore par l'outil commodegif des distributions kappa, puis des distributions bi-kappa (i.e en les parant d'une anisotropie des températures relativement à la direction du champ magnétique, ce qui est aussi une forme de déséquilibre introduit le long des lignes de champ, mais tout-à-fait consacré et admisgif).

L'utilisation de cette approche cinétique avec des distributions bi-kappa, a donc permis d'expliquer les mesures effectuées par Ulysse, notamment l'augmentation des températures avec la latitude. En y adjoignant un modèle empirique de variation des paramètres du tore avec la distance radiale fondé sur les mesures de Voyager 1 à l'immersion (mais en tenant compte de notre modélisation le long des lignes de champ pour extrapoler les mesures de Voyager 1 à l'équateur centrifuge lorsque sa latitude n'est pas négligeable), on a montré que l'augmentation des températures vue après 7-8 tex2html_wrap_inline3218 par Voyager pouvait être expliquée partiellement par la variation en latitude de la sonde, et surtout que les températures à l'équateur centrifuges calculées en utilisant notre modèle pouvaient décroître avec la distance à Jupiter. Ce dernier résultat rend finalement compatibles les mesures de températures perpendiculaires des ions de Voyager 1 d'une part, et d'autre part le comportement (théorique ou observé depuis la Terre ou déduit indirectement de mesures in situ) des températures parallèles des ions.

Enfin notre modèle fédère, à un facteur de «remplissage» près du tore ( environ deux fois plus dense à l'époque d'Ulysse que de Voyager), les mesures de Voyager 1 et d'Ulysse; ce qui a au moins deux conséquences : d'une part, le confinement du tore à l'époque de Voyager 1 pouvait être très semblable à celui observé réellement par Ulysse 11 ans plus tard (et on devra tenir compte de notre nouvelle approche de la structure du tore, y compris dans l'analyse des données de l'époque de Voyager 1), et d'autre part, le profil de densité en fonction de la distance radiale, hérité de Voyager 1, est compatible avec les mesures d'Ulysse et il n'est donc pas exclu que ce profil se soit grosso modo conservé, ce qui laisse penser qu'il n'est pas «accidentel» et que cela vaut la peine de développer des modèles de transport radial du plasma pour fondamentalement l'expliquer. Cette dernière remarque m'amène naturellement aux perspectives ouvertes par le présent travail.


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Michel Moncuquet
Tue Jan 13 19:37:26 MET 1998