Une autre façon de répondre à la question précédente lorsque l'expérience a déjà eu lieu est de regarder les spectres acquis : lorsqu'on observe des bandes de bruit stables entre les harmoniques de la gyrofréquence, sans saturation et émergeant nettement du bruit de fond de l'instrument, ces bandes peuvent (et doivent) être interprétées comme du bruit thermique en mode de Bernstein.
À cet égard, je ne résiste pas à la tentation (légèrement
hors sujet) de montrer ici (figure iii.3)
un spectre dynamique enregistré par Wind durant l'un de ses périgées, pendant
lequel il a traversé la Plasmasphère de la Terre (à environ 4 rayons
terrestres). La Plasmasphère de la
Terre est, comme le tore d'Io, un plasma en corotation planétaire, et
Wind est muni d'une antenne électrique de 2x50 m (bien adaptée ici,
le rayon de Larmor moyen étant, comme dans le tore, de l'ordre de la dizaine
de mètres).
Ce spectre dynamique montre de magnifiques bandes de bruit entre les
gyroharmoniques (i.e. des modes de Bernstein), comparables
à celles qui apparaissent par exemple sur le spectrogramme de la figure
i.3.
On montre (annexe A.3) les mesures qu'on a pu en déduire dans la Plasmasphère.
Notons cependant que nous n'avons pas pu exploiter, comme avec Ulysse,
la rotation axiale de Wind car l'orientation du satellite était défavorable,
l'angle antenne/champ magnétique étant trop peu variable. Par ailleurs,
et concernant l'acquisition des densités,
la situation rencontrée avec Wind est comparable
à celle rencontrée dans la partie dense du tore explorée par Ulysse,
c'est-à-dire qu'on y a toujours : , et il n'y a donc pas de
résonances
détectables dans ces spectres.
On a ainsi déduit la densité de la détection du pic à la fréquence plasma, et la température des électrons du coeur par le niveau de bruit minimal, et celle du halo par l'amplitude du bruit entre les gyroharmoniques (voir annexe A.3).
Figure iii.3:
Spectre dynamique obtenu par le satellite Wind durant la
journée du 16 novembre 1994 : premier périgée, traversée de la Plasmasphère de
la Terre.
Ces deux derniers résultats sont liés à des approximations dans le
calcul du bruit quasi-thermique assez osées [Meyer-Vernet, Hoang and Moncuquet, 1993] et
nécessitent en tout état de cause
de poursuivre
le calcul théorique du
bruit thermique dans les plasmas magnétosphèriques, c'est-à-dire à la fois en
présence d'un champ magnétique et d'une vitesse d'ensemble (ici, la corotation)
du plasma. Cela constitue une importante perspective de poursuite
du travail présenté ici, avec, comme on le verra dans la deuxième partie de
la thèse, l'extension du calcul du bruit à des
distributions de vitesses non maxwelliennes.