Observatoire de Paris Institut national de recherche scientifique français Univerité Pierre et Marie Curie Université Paris Diderot - Paris 7

Hommage à Antoinette Barbezat

mercredi 6 mai 2020

Nous avons la tristesse de vous informer du décès d’Antoinette Barbezat, chercheuse retraitée du Pôle de physique solaire du LESIA, survenu le 3 mai 2020.

Antoinette Barbezat en 2002
Antoinette Barbezat en 2002

Antoinette Barbezat est entrée à l’Observatoire de Paris en 1977 et a soutenu en 1978 sa thèse de troisième cycle sous la direction de Pierre Lantos sur l’observation du rayonnement radio des filaments (protubérances) solaires. Ces recherches ont abouti à localiser la dépression de brillance dans la région de transition protubérance-couronne, tout comme les structures observées en UV et EUV. Puis elle a intégré le DASOP en tant que chercheuse CNAP.

Dans les années 1980 elle s’est engagée, avec Monique Pick, dans les observations coordonnées radio - rayons X durs (sondes ISEE 3 et Solar Maximum Mission de la NASA), en utilisant l’imagerie en ondes métriques à haute cadence du Radiohéliographe de Nançay. Ces observations ont montré la structure complexe et fortement variable, parfois à l’échelle de la seconde, des régions d’accélération et de propagation des faisceaux d’électrons. Elle a soutenu sa thèse d’état en 1987. Ses recherches se sont poursuivies dans les années 1990 avec des travaux sur la relation entre les faisceaux d’électrons et d’une part les jets de plasma dans la couronne (avec J.P. Raulin et M. Kundu, College Park), d’autre part les populations relativistes d’électrons dans les éruptions solaires (avec E. Correia et P. Kaufmann, Sao Paulo).

Au début des années 1990, la richesse des observations était telle qu’il devenait impossible de maintenir l’image simple d’un sursaut radio émis par un faisceau massif d’électrons traversant la couronne solaire. Des travaux de L. Vlahos (Thessalonique) et André Mangeney (LESIA) avec Antoinette Barbezat ouvraient une autre voie d’interprétation où des processus stochastiques d’accélération et propagation des faisceaux d’électrons jouaient le rôle clef. Ces idées étaient mieux à même d’expliquer les spectres dynamiques complexes des groupes de sursauts - une explication qui a trouvé une confirmation éclatante dans les observations récentes, avec des résolutions spectrale et spatiale inimaginables dans les années 1990, du Jansky VLA.

Antoinette Barbezat est partie en retraite en 2010, qu’elle savait occuper par son savoir-faire d’artisan et son intérêt pour les autres. La générosité, l’altruisme, la fantaisie et les qualités humaines d’Antoinette en ont fait une personne unique et inoubliable.

Marie-Pierre Issartel, Alain Kerdraon, Karl-Ludwig Klein, Claude Mercier, Monique Pick, Gérard Trottet, Nicole Vilmer